Le vent du départ

Je passe la porte de la chambre de Banshie, tout sourire et chargé comme un mulet : un sac plein à craquer sur chaque épaule, une guitare sur le dos et les amplis qui vont avec dans les bras. Je suis heureux de la revoir.

"Salut, ma petite malade."

Je lâche les sacs près du lit et me penche pour l'embrasser. M'écartant légèrement, je caresse son visage avant de m'asseoir sur le bord du lit et de lui présenter religieusement sa guitare.

"J'en ai pris soin."

Reste à savoir si elle va mieux. Suffisamment pour égayer ce triste lieu avec un petit air.

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

- Ah ben quand même !!

Ce n'était pas un reproche. Juste que plus d'une journée sans s'amuser avec les six petits cables métalliques qui sont plus communément appelés corde, ben ça la met sur les nerfs. Elle prit l'instrument, et le Jack que Compassion lui tendait. Elle le planta dans la fiche de sa guitare et commença à jouer. Assez doucement. Creep de Radiohead pour être précit.
Elle attrapa le vampire par la manche pour l'embrasser. Une fois que leur lèvres se furent séparées elle lança sonorement.

- Merci !! Je dépressionait de pas pouvoir jouer moi !

Ensuite, elle joua pendant près d'une heure, pendant que le vampire la regardait.
Après son petit concert, elle posa sa guitare à plat sur ses jambes.

- JE peux sortir de cette morgue pour vivant demain. Tu crois que c'est jouable de partir pas longtemps après ?

Elle avait délibérément décidé de ne pas parler d'Azriel. Ils auraient bien le temps d'en reparler plus tard. Et sans doute la séparation faisait toujours quelque chose au vampire. Alors autant pas le faire déprimer.

Je laisse les dernières notes résonner doucement dans ma mémoire pendant quelques secondes avant de répondre :

"Bien sûr. En fait, c'est pour ça que je suis passé prendre nos affaires chez toi et chez moi."

Je la regarde pensivement, la tête penchée sur le côté et sa main dans la mienne. Vraiment, je n'ai eu qu'une vie de merde avant d'arriver ici. Pourtant, je vais quand même partir. On ne pourrait pas rester ici, prisonniers des souvenirs, maintenant que les autres sont partis.
Je me penche et embrasse doucement les lèvres de Banshie. Décidément, ça devient une drogue. Mais quand même, je me demande bien où est-ce qu'on va pouvoir aller, maintenant...

"On est partis pour sillonner le monde, c'est ça ?"

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

- Bah écoute on va ou tu veux, enfin faut quand même qu'il y ait des prises de courant un minimum. Donc si ça te dérange pas , on va éviter la forêt tropicale, le sahara et tout les coins paumés dans le genre. Enfin jusqu'a ce que je puisse m'acheter une bonne folk. Après ça on ira où tu voudras vraiment.

Elle marqua une lègère pause, son visage figé dans un moue pensive.

- Enfin on évitera l'espace pour de nombreuses raisons quand même.

Aaaaah morphine... Que d'absurdités tu nous fait dire.
La guitariste prit le vampire contre elle et la tête sur son épaule, elle lui dit à mi-voix.

- Par contre, si t'es jamais allé à New York, y'a une énorme lacune à combler.

Bon elle non plus elle n'y était pas allée, mais elle avait vut Londre, ça compense un minimum.

Je referme les bras autour de ses épaules et je respire son parfum. Son souffle dans mon cou me caresse doucement. Ça me fait du bien.

"Emmène-moi à New York, alors. Emmène-moi là où tu penses que ça en vaut la peine. Moi, je ne connais pas grand chose du monde..."

Avant, le voyage ce n'était pas trop mon truc. Ou plutôt l'idée ne me faisait pas vraiment rêver comme certains. Je me contentais de vivre là où j'étais, sans me poser trop de questions, point barre. Maintenant, la perspective de voyager ne me dérange pas du tout. Et puis, tant que je serais avec Banshie....
Je m'écarte un peu d'elle et lui demande :

"Au fait, tu penses les dégoter où, les musiciens pour ton groupe ?"

Depuis le temps qu'elle en rêve, il va bien falloir y songer.

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

Banshie se perd dans la comtemplation de ses ongles quelques secondes durant. Figeant la scène dans un silence qu'elle veut mystérieux.

- Bah et pourquois tu crois que je te propose la capitale mondiale de tout !!

Elle marque une pause et rajoute sur un ton plus blasé.

- Bon, sauf des vieilleries de 1000 ou 3000 ans, mais c'est pas plus mal.

Après il allait falloir trouver l'argent pour les billets d'avions. Et puis pour vivre sur place. Mais bon pour l'instant c'était pas leur problème.

- Et puis on emportera mon salon, comme ça tu pourra l'exposer au MOMA !

Putain les mecs arrêtez de lui injecter des substances psychothropes !!!!

"Si on emmène le salon, c'est pas moi qui le porte."

On rigole tous les deux. Putain, qu'est-ce qu'on est cons......Plus sérieusement, je lui demande :

"Dis-moi, c'est vraiment obligatoire jusqu'à demain, ça ?"

Je désigne la perfusion près du lit. Je meurs d'envie de faire du base-ball avec. Je respecte le travail des médecins, mais j'ai du mal à supporter le fait qu'on injecte des trucs aux gens sans qu'ils sachent ce que c'est. Surtout si c'est à ma copine, même si cette dernière a été charcutée par un vampire 24 heures plus tôt....

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

La petite guitariste rit un coup, regarda ce qu'il y avait écrit sur la poche transparente qui était rejeté à sa perf.

- Alors alors... Morphine, glucose... Bah c'est bon tu peux virer. J'ai plus mal et pas faim.

Qui c'est qui n'a pas fait d'étude de médecine ?? Banshie bien sur. Et Compassion aussi. Mais bon, comme c'est un vampire presque immortel, ben c'est moins nécéssaire.
Alors le vampire enleva allègrement la perfusion de Banshie. Une petite goute de sang en sortit. Mais globalement rien de bien grave.
L'irlandaise fit de grands moulinets avec les bras. Relativement contente d'avoir les membres enfin libre.

- Pff, j'ai faillit devenir accro à la morphine.

Elle attira contre elle Compassion et l'embrassa, comme ça. Ou alors peut-être pour le remercier de l'avoir "libérée".

Je la garde dans mes bras et lui rend son baiser. C'est beaucoup mieux comme ça.

"Bon, ça c'est fait. Deuxième chose...."

Je souris, rien qu'en imaginant la tête qu'elle va faire. C'est une petite surprise de dernière minute, à laquelle j'ai pensé en entrant dans l'hôpital. Je lui passe une main dans les cheveux et annonce avec un petit sourire :

"Maintenant que tu es 'débranchée' je peux te dire que la gare est à 5 minutes à pied de l'hosto, qu'un train part dans une demi-heure pour Vienne, Genève puis Paris, d'où on pourra sans doute joindre Londres, pour commencer. En ce qui me concerne, j'ai un peu de fric et je peux te porter."

Même si je devrais faire deux voyages. Le vampire à tout faire ne peut pas non plus porter sa copine et une montagne de bagages sans abîmer l'un ou l'autre, ce que j'aimerais éviter.
Alors.....quelle tête elle fait ?

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

Si Compassion s'attendait à de la surprise ou de l'inquiétude. Ben c'est raté. C'est un soulagement contenu de pouvoir enfin mettre les bouts. Elle se leva. Faut dire que si elle a pas le potentiel récupérateur de ses petits camarades de jeux, elle avait une sacrèe niake. Ca rattrape. Alors, en chancelant, elle se dirige vers sa valise, enlève sa tant haïe tenue d'hopital pour passer quelque chose de plus décent. C'est à dire un short trop large beige, ses converses sales, un T-shirt imatriculé Rolling Stones et son Chapeau melon.

- Bon ben, maintenant que je suis habillée, on peut y aller. Par contre comme je suis encore en convalescence, je vais pouvoir porter que ma guitare.

Elle avait ajouté sa dernière phrase avec un sourire malicieux. Et prit néamoins en plus de sa guitare son ampli qui pesait deja assez lourd.

- Hé je vais quand même pas te laisser tout porter. Après on va m'accuser de machisme.

Accuser un femme de machisme, ben... Oui c'est bizzare, mais elle a pas envie que ça lui arrive.

- Enfin si tu veux un répit un peux moins court dis-le quand même...

Je reste sur le cul quelques secondes. Avant : ma petite Banshie convalescente avec sa chemise de nuit d'hôpital et sa perfusion. Après : la même petite Banshie, mais debout, habillée, guitare en main et d'attaque pour le voyage. Le tout dans un intervalle de temps d'environ dix secondes. Quand même....
Je ferme la bouche, toussote et répond :

"Euh...non non, on peut y aller maintenant. Tu as l'air parée."

Je me relève du lit, rajuste mon manteau et charge le reste des bagages sur mon dos et mes épaules comme à l'allée.

"Bon bah....en route, alors."

Elle me sourit, se hausse sur la pointe des pieds et pique un baiser sur ma joue avant de s'engager dans les couloirs d'un pas rapide et enjoué. Je n'ai plus qu'à suivre. Nous croisons bien quelques infirmières surprises, voire choquées que nous ayons décidé de partir. Mais notre air décidé et royalement indifférent à leurs remarques les dissuadent rapidement de nous en empêcher.
C'est ainsi que nous nous retrouvons en dehors de l'hôpital, dans les rues d'Averonn et bientôt sur le quai de la gare, à attendre le train. J'ai posé les sacs pour passer un bras autour de la taille de Banshie. Pendant un moment, nous ne disons rien. Puis :

"Quand même, malgré toutes les fois où j'ai failli y crever, cette ville me manquera...un peu...."

Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 10/01/2008

- Ca c'est bien possible. Après tout, y'avait des gens franchement sympatiques. Mais je crois que ce sont plutot eux qui me manqueront.

Elle pensait bien évidement à A.M. O' le loup alcoolique, Octave, le vampire taciturne, Azriel, la louve exubérante, et TNT le sympatique rasta.
Bien sur elle n'oubliera pas Carnage et Iladryel. Mais il lui faudra du temps pour ne pas avoir envie de leur coller un pruneau entre les deux... Enfin entre plusieurs choses qu'ils possèdent par paire d'ailleurs.
C'est alors que le train arriva. Un vieux train, à vapeur. Banshie se demanda un instant d'où ce truc pouvait bien sortir. Mais elle trouva le concept trippant et se dirigea vers la porte.

- Sympa le train...

C'est alors qu'elle aperçut cette silhouette bien connue. Toujours dans l'ombre, mais qui tire les ficelles comme le plus habile marionettiste. Ce cher A.M. O'Niac qui leur adressa un bref salut presque militaire, qu'il lui rendirent. Puis qui disparut.
Avant que le train ne démarre, Banshie prit sa bague des Chasseurs, et la jeta sur le quai. Ses supérieur comprendraient qu'elle était partit et qu'elle ne reviendrait pas.
Puis elle se tourna vers Compassion. Désormait, ils n'étaient plus que tous les deux.

A l"intérieur, on retrouve les antiques compartiments, à peine rénovés, mais qui gardent tout de même leur charme. Banshie et moi en choisissons un vide et nous installons près de la fenêtre. Bientôt, le sifflet du contrôleur nous avertit du départ, la loco chante, les wagons s'ébranlent et nous laissons derrière nous un grand pan de notre vie.
Bientôt, nous voyons les immeubles et les quelques tours d'Averonn s'éloigner. Bientôt, sans prévenir, les souvenirs remontent, un à un : mon arrivée, ma rencontre avec Azriel, puis ReveRence, Élisabeth, CaRnAgE, A.M.O'Niac, Banshie, Iladryel......toutes les fois où je me suis battu, où j'ai manqué de mourir, où j'ai bu un verre avec eux, qu'on a voyagé, discuté, rêvé, que j'ai douté, aimé.....ça fait beaucoup.
Maintenant, c'est du passé.

"On a tourné la page pour de bon, cette fois."

Je me tourne vers Banshie et la regarde droit dans les yeux. La lumière du soleil levant éclaire sa jolie frimousse par la vitre un peu crasseuse. Je souris. Elle me fait craquer. Je prends doucement son visage dans mes mains et l'approche du mien.

"Je t'aime..."

Nos lèvres se rejoignent, comme pour sceller notre départ. Le train continue sa course. Un chapitre qui se termine, un autre qui commence. C'est toujours comme ça....